Le sol, un trésor
méconnu…
c’est une couche de la Terre : la partie externe de la croûte terrestre qui a été transformée par le vent, la pluie, les êtres vivants, etc. Il rassemble les couches situées au-dessus de la roche mère (matériau parental) de la Terre. Le sol offre un support physique stable permettant l’implantation et le développement de végétaux (plantes, arbres), de la faune (animaux) et des micro-organismes.
Il existe des centaines de types de sols (argileux, limoneux, sableux, etc.), selon leur composition, leur épaisseur, leur structure, leur localisation, etc. « Tous les sols ne sont pas identiques dans le monde, même sans avoir été travaillés par les êtres humains. Certains sols sont excellents pour faire pousser de la vigne, d’autres pour cultiver du blé. Cette différence est une richesse qu’il faut préserver. »
d’années. Selon La fresque du sol, « il faut 200 ans à plusieurs milliers d’années pour former 1 cm de sol. » La formation d’un sol est très lente, le sol ne se reconstitue pas à l’échelle d’une vie humaine !
Entre 25 et 60 % des espèces animales et végétales connues vivent dans le sol. C’est un des principaux réservoirs de biodiversité de la planète. Une cuillère à café de terre en bonne santé contient plus d’organismes vivants qu’il n’y a d’êtres humains sur Terre !
Le sol, c’est un puits de carbone, et donc un allié contre le changement climatique ! Les sols stockent du carbone grâce aux végétaux (photosynthèse) sous la forme de matière organique, différemment selon leur type et leur occupation, et ce pour des durées variables, qui sont en moyenne de plusieurs décennies.
1 500 à 2 400 Md T de carbone
sont stockées dans la matière organique enfouie dans le sol partout dans le monde, soit deux à trois fois plus que dans l’atmosphère. On distingue quatre grands réservoirs naturels de carbone sur Terre :
- l’atmosphère ;
- les océans, mers, lacs et rivières ;
- les sols et sous-sols ;
- les végétaux, animaux et autres organismes vivants
Le sol joue un rôle essentiel dans le cycle de l’eau. Selon la fresque du sol, par ses propriétés (physiques, chimiques et biologiques), le sol joue une fonction de filtre, de tampon et de dégradation de certains polluants et contribue ainsi à assurer une bonne qualité des eaux souterraines, de surface (lacs, rivières) et une production alimentaire sûre. L’infiltration de l’eau dans le sol permet de recharger les nappes phréatiques et d’éviter des sécheresses. S’il n’y avait pas de sol, il n’y aurait pas de rivière ! S’il n’y avait que de la roche, il n’y aurait de l’eau dans les cours d’eau que le temps de l’écoulement après une pluie, et non un débit toute l’année. Ce sont les nappes et les sols qui fournissent cette eau.
En plus de notre alimentation, les sols servent aussi à la production de médicaments, de textile, de carburants, de matériaux de construction, d’énergie, etc.
Les sols remplissent 7 fonctions écologiques et rendent 14 services écosystémiques. Les services écosystémiques sont définis comme des avantages socio-économiques retirés par l’être humain de l’utilisation durable des fonctions écologiques des écosystèmes.
Nos conditions de vie dépendent du bon fonctionnement des sols.
L’homme artificialise le sol par ses usages. Le tassement des sols, les constructions de bâtiments, de routes ou encore l’utilisation de revêtements imperméables dégradent les sols et participent à ce que l’on appelle l’artificialisation, c’est-à-dire à « l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage. »
60 %
des sols mondiaux sont dégradés à des degrés divers.
Pourquoi l’artificialisation
des sols pose-t-elle problème ?
Chaque année, 24 000 ha d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont été urbanisés en moyenne en France lors de la dernière décennie, soit près de 5 terrains de football par heure selon le Guide synthétique sur le ZAN du Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires. 24 000 hectares c’est à peu près 2 fois la surface de Paris Intra-muros. Depuis 10 ans, une surface équivalente à l’île de la Réunion a été artificialisée.
c’est le rythme auquel la consommation foncière a augmenté par rapport à l’évolution de la population pendant les vingt dernières années. L’artificialisation des sols progresse de manière soutenue et de façon inégale selon les territoires. Les besoins démographiques et le niveau d’artificialisation ne sont pas liés puisque l’artificialisation progresse presque 4 fois plus vite que la croissance de la population.
Entre 2011 et 2020, près de 2/3 des sols qui ont été artificialisés l’ont été pour l’habitat.
L’habitat de type maison individuelle actuelle consomme et artificialise le plus d’espace. Les opérations de moins de 8 logements par hectare sont responsables de 51 % de l’artificialisation alors qu’elles produisent seulement 19 % de nouveaux logements.
Il existe des modèles d’aménagement plus durables qui conjuguent sobriété et qualité urbaine.
Une densité de 8 logements/ha
= 1 pavillon sur un terrain de 1 200 m².
Multiplier par 3 la densité permettrait d’atteindre
2/3
des efforts attendus pour l’habitat.
Il suffirait de réduire la surface moyenne
des jardins de 1200 m² à 400 m².
des habitats. L’artificialisation des sols est la première cause de dégradation de la biodiversité au niveau mondial. Transformer un espace naturel en parking ou en immeuble peut faire disparaître l’habitat des espèces animales ou végétales qui y habitaient. Pour les animaux, les routes peuvent être des obstacles les empêchant de se déplacer, de se nourrir, de se protéger et de se reproduire.
L’artificialisation des sols contribue au changement climatique global et local. Plus un sol est artificialisé, dégradé, moins il est capable d’absorber du CO₂. Les sols artificialisés participent au phénomène d’îlots de chaleur urbains, c’est-à-dire des températures plus chaudes en ville qu’à la campagne.
Il y a en moyenne
2 à 3 °C de différence
de température en ville par rapport à la campagne, et jusqu’à 10 °C pendant les périodes de canicule. De plus, en détruisant les milieux naturels, l’artificialisation nous prive de l’effet de rafraîchissement de la végétation.
Les sols peuvent stocker entre 20 et 600 litres d’eau par m² selon leur type. Le sol peut absorber et stocker l’eau et ainsi réguler les crues et éviter des inondations. Pour cela, il ne doit pas être imperméabilisé, ni trop sec sinon l’eau ne s’infiltre pas et ruisselle ou stagne à sa surface.
La combinaison de milieux artificialisés et de grandes surfaces imperméables peut donner lieu à des crues rapides et violentes en cas de fortes pluies, dévastatrices pour les infrastructures, les activités et les habitants. Un sol artificialisé empêche les nappes de se recharger correctement.
de terres agricoles sont deux conséquences importantes de l’artificialisation des sols, qui impacte ainsi notre sécurité alimentaire. L’artificialisation se fait majoritairement au détriment des terres agricoles : « 2/3 de l’artificialisation entre 2006 et 2014 en France a eu lieu sur celles-ci.». La perte de ces espaces limite notre capacité de production et nous rend plus dépendants des importations alimentaires. L’urbanisation fragmente les surfaces agricoles restantes, ce qui rend plus difficile la gestion des exploitations agricoles.
Pour endiguer l’artificialisation,
l’une des propositions est le ZAN !
… Artificialisation Nette ! Concrètement, voici les objectifs du ZAN. La France s’est fixé un objectif en deux étapes pour 2050. Sur la période 2021-2031, il faudra limiter l‘étalement urbain en divisant par 2 la consommation des Espaces Naturels Agricoles et Forestiers, par rapport à la décennie passée ; puis atteindre le ZAN en 2050, c’est-à-dire que la différence entre les surfaces nouvellement artificialisées et celles nouvellement désartificialisées (renaturées) devra être égale à zéro (sur un périmètre et une période donnés).
Ce principe a été posé par la loi “Climat et résilience” du 22 août 2021, qui vise à renforcer la résilience du territoire face aux effets du dérèglement climatique et dont les mesures s’inspirent des travaux de la Convention citoyenne pour le climat. Tous les territoires sont concernés et leurs objectifs adaptés en fonction de plusieurs critères, comme les efforts passés ou encore les spécificités locales (recul du trait de côte notamment).
et exploiter l’existant. On pourra construire si cela se justifie par des besoins avérés (logement, surface économique, équipement), en privilégiant des zones déjà artificialisées (renouvellement urbain).
Des solutions existent :
80 %
de la ville de 2050 est déjà construite.
En dernier lieu, il sera possible de construire sur des zones non artificialisées si en contrepartie des surfaces sont désartificialisées (renaturées).
pour mieux utiliser l’existant et intensifier les usages. On peut dépolluer les friches industrielles, mobiliser les logements vacants. On peut densifier, intensifier les usages, en préservant le cadre de vie et les espaces verts. On peut mutualiser des parkings, utiliser différemment des espaces en fonction des moments de la journée, etc.
de logements sont vacants en France en 2023.
c’est la superficie qu’on estime occupée par les friches industrielles en France en 2024.
pour les habitants, la planète et les collectivités.
Des bénéfices pour les habitants
Une ville moins étalée diminue les temps et coûts de transport, limite la facture énergétique, favorise la proximité des espaces naturels, préserve le potentiel de production des sols agricoles en circuit court.
- La facture énergétique des ménages serait
10 % plus faible
sans l’étalement urbain des 20 dernières années. - Les distances parcourues en voiture sont
1,5 moins importantes
pour les habitants des centralités urbaines que pour ceux des périphéries.
Des bénéfices pour la planète
Les sols « vivants » favorisent la biodiversité, limitent les risques d’inondation par ruissellement, stockent du carbone.
- L’artificialisation des sols est la 1ère cause de l’érosion de la biodiversité
- 1 ha cause d’étalement urbain économisé évite l’émission de
190 à 290 t de CO₂
Des bénéfices pour les collectivités
Moindre coût d’investissement et fonctionnement d’équipements publics (réseaux, voirie, services, etc.).
- Rénovation des espaces déjà urbanisés = plus de logements, un centre-ville dynamisé, de l’emploi local.
- Préservation du cadre naturel et du patrimoine = renforcement de l’attractivité du territoire et développement de la nature en ville.
- Optimisation des coûts = baisse des dépenses publiques par la réduction des réseaux à entretenir et l’optimisation des équipements.
Une équation difficile mais
pas impossible,
qui offre de nombreux bénéfices !
Ce quiz a été réalisé en mai 2024 dans le cadre de l’expérimentation « Objectif ZAN » pilotée par l’ADEME, accompagnée de son Assistance à Maîtrise d’Ouvrage composée de la CDC Biodiversité, de la SCET et du Cerema.
Les sources des informations et chiffres indiqués dans ce quiz sont mentionnées dans son format pdf, téléchargeable ici :
Voici des ressources pour aller plus loin :