L’ulva armoricana est naturellement présente sur les côtes du littoral français. Elle se forme en mer et s’échoue sur la plage à marée descendante. Son autre nom ? La laitue de mer !
La prolifération des algues et marées vertes est plurifactorielle. D’un côté, la pente douce du littoral et l’eau claire permettent une photosynthèse efficace. De l’autre, les algues étant peu exposées à la houle, ne se dispersent pas au large. Enfin, les eaux sont saturées de nutriments, notamment les nitrates, dont les algues se nourrissent abondamment
Loin d’être anodine, la prolifération des algues vertes représente une catastrophe environnementale et sanitaire.
Contre vents et marées !
Si les algues vertes sont naturellement présentes sur de nombreux littoraux, leur développement excessif entraîne des « marées vertes » dans certaines zones côtières.
C’est quoi le problème ? Leur regroupement entraîne des échouages plus ou moins importants de marées vertes sur les côtes, du printemps à l’automne.
Les marées vertes, une histoire qui ne date pas d’hier
Les algues tirent le rideau sur la vie sous-marine
En mer, sa prolifération excessive forme un écran entre la lumière et les fonds marins. Cela asphyxie la faune et la flore aquatique et nuit à la survie de certaines espèces animales et végétales.
Elle déséquilibre l’écosystème, perturbe la biodiversité marine (poissons, oiseaux, coquillages) et dégrade la qualité de l’eau.
D’un point de vue sanitaire, la putréfaction d’algues vertes sur les plages entraine la production d’un gaz toxique.
Don’t you know
that it’s toxic ?
Les algues vertes représentent un risque pour la santé humaine et celle de nos animaux. En effet, une fois échouées sur les plages, elles se décomposent, ce qui entraîne un rejet important de sulfure d’hydrogène.
Incolore, on le reconnaît à son odeur d’œuf pourri. Ce gaz est mortel quand il est inhalé à forte concentration, par exemple quand on perce la croûte d’un tas d’algues en marchant dessus.
Si la présence des algues vertes est naturelle, l’agriculture intensive joue
un rôle prépondérant dans sa prolifération excessive.
Nitrates à foison, algues en surdose
On l’a vu, les nutriments, tout particulièrement les nitrates, favorisent la croissance et la multiplication des végétaux.
Mais comment finissent-ils en mer en aussi grande quantité ?
Les nitrates proviennent essentiellement des activités agricoles : des effluents des élevages et de l’épandage d’engrais azotés.
Le problème ?
Seule une partie de l’azote est absorbée par les plantes, le reste se transforme en nitrates et se diffuse dans l’air, les sols ou l’eau. Cette dernière, chargée en nitrates, ruisselle et rejoint les rivières puis la mer.
Si la Bretagne ne couvre que 6 % de la surface agricole française, elle détient le titre de
1ère
région pour la production de lait, d’œuf, de viande de porc, de volaille et de veau.
Ça en fait du beau monde !
Une révolution agricole vert-igineuse
Héritage des années 50, l’agriculture intensive et le système d’élevage industriel, synonymes de mécanisation, d’augmentation des cheptels et d’ajout de produits chimiques, se développent, particulièrement en Bretagne.
L’élevage s’industrialise de plus en plus et ce phénomène n’est pas sans conséquence.
On compte en Bretagne près de
1 435 fermes-usines.
Cela représente la moitié des fermes-usines présentes sur l’intégralité du territoire français !
Les coûts de ramassage assumés par les collectivités représentent un véritable gouffre économique pour les littoraux touchés.
Attrapez-les toutes !
Dans le cadre du plan de lutte contre les algues vertes, les collectivités sont chargées de collecter les algues lors des échouages massifs, et elles sont ensuite indemnisées.
Du fait de la dangerosité du sulfure d’hydrogène produit par la décomposition des algues, celles-ci doivent impérativement être ramassées lorsqu’elles sont encore fraîches : 24 à 48 heures maximum après leur échouage.
Une fois collectées, la seconde vie des algues peut commencer ! Elles sont soit épandues directement sur les parcelles pour fertiliser les sols soit mélangées à d’autres déchets verts pour en faire un compost.
50 000 m3
=
20 piscines olympiques
C’est le volume d’algues ramassé chaque année.
Ce qui représente un coût de près de
1,45 millions d’euros
Le ramassage et la revalorisation des algues ne sont que des solutions temporaires. Il est temps de couper le mal à la racine !
On l’aura compris, si la présence d’algues vertes en petite quantité est normale sur le littoral, sa prolifération excessive en revanche est la conséquence directe des activités humaines.
Petit tour d’horizon des actions à suivre face aux marées vertes, qu’on habite sur les lieux concernés ou non !
Conseil qui s’applique à tous
On suit les mesures de protection sanitaire.
Si l’heure est à nouveau à la proximité physique, mieux vaut garder ses distances avec les algues vertes décomposées !
- On évite tout contact avec les amas d’algues
- On ne laisse pas divaguer ses animaux au niveau des zones d’échouage
- On reste éloigné des chantiers de ramassage des algues. Suivre l’évolution des taux d’hydrogène sulfuré s’avère utile !
Si on est agriculteur
On fait évoluer les méthodes de production vers des pratiques agricoles plus vertueuses.
Parce que l’azote est l’unique facteur de maîtrise de la croissance des algues vertes, on y va molo sur les nitrates !
- On accroit les surfaces herbagées, ce qui permet de bénéficier d’un sol couvert toute l’année, et empêche donc l’azote de s’écouler dans les nappes ou rivières.
- On utilise des fertilisants naturels ou organiques respectueux des sols, le tout dans une démarche de valorisation des processus biologiques.
- On s’appuie sur les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) qui permettent de financer l’évolution vers des systèmes plus herbagers.
Bon à savoir : il existe une aide à la conversion à l’agriculture biologique (CAB) !
Si on est citoyen
En tant que consommateur, on favorise les produits issus d’une agriculture paysanne respectueuse des ressources.
C’est le moment d’encourager une restructuration en profondeur du modèle agricole : les cultures vont devoir changer, tout comme nos modes de consommation.
En tant que consommateurs, nos choix ont un impact direct sur toute la filière alimentaire et agricole. Privilégier des produits de saison et cultivés par des producteurs locaux est une manière de mettre un stop à l’agro-industrie ainsi qu’à son impact environnemental. Pour ça, plusieurs options :
Direction l’AMAP la plus proche !
La coopérative Bienvenue à la Ferme, pour s’approvisionner directement chez les producteurs !
La plateforme Frais et Local, pour trouver des produits frais et locaux, en vente directe près de chez soi.
Voilà c’est fini !
Texte : Sarah Morinot
Illustration : Julie Peron
Dernière mise à jour : Septembre 2023