Vague, plume, dôme : qui fait le plus chauffer l’atmosphère ?
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Vague, plume, dôme : qui fait le plus chauffer l’atmosphère ?

Texte : Alexandre Millet
Illustrations : Julie Peron

Exceptionnelles un temps, les périodes de fortes chaleurs se multiplient désormais et se font plus intenses sous l’effet du réchauffement climatique. La chaleur est l’un des événements météorologiques les plus meurtriers : à l’été 2022, les fortes températures ont entraîné la mort de plus de 60 000 personnes rien qu’en Europe, selon une récente étude.

Au niveau mondial, le mois de juin 2023 a été le plus chaud jamais mesuré, selon les agences européenne Copernicus et américaines NASA et NOAA.

Anomalies mensuelles moyennes mondiales et européennes de la température de l’air en surface par rapport à 1991-2020, de juin 1979 à juin 2023.

0.10
2013
0.07
2014
0.18
2015
0.41
2016
0.20
2017
0.22
2018
0.37
2019
0.36
2020
0.21
2021
0.30
2022
0.53
2023
Mais maintenant, il y a chaleur et chaleur

La chaleur s’est intensifiée au point où elle a été baptisée de divers surnoms afin de distinguer les différentes manières dont elle se manifeste. Qu’est-ce qui distingue alors une vague de chaleur d’une canicule ? Que signifient une plume ou un dôme de chaleur ? Qqf vous propose un glossaire pour vous familiariser avec ces nouvelles expressions météorologiques.

On parle de « vague de chaleur » lorsqu’on observe des températures anormalement élevées pendant plusieurs jours successifs.

Météo-France explique cependant qu’« il n’existe pas de définition universelle du phénomène ». Deux critères permettent de caractériser une vague de chaleur : les niveaux de température et la durée de l’épisode. Or, ces critères varient selon les régions du monde et les domaines considérés.

Le recensement des vagues de chaleur depuis le milieu du XXe siècle montre une augmentation de ces événements climatiques

Le recensement des vagues de chaleur depuis le milieu du XXe siècle montre une augmentation de ces événements climatiques

1950-1985
1985-2023
avec trois fois plus de vagues de chaleur ces trente-cinq dernières années que durant les trente-cinq précédentes.
2023-2050
Météo-France estime que ces phénomènes climatiques « devraient doubler d’ici à 2050 » en raison du réchauffement planétaire continu.
3 nuits par semaine
Des températures élevées le jour et la nuit pendant au moins trois jours consécutifs ? Lorsque les températures grimpent, on utilise volontiers le terme de « canicule ». Pourtant, la définition de ce phénomène est très précise et varie selon les régions.

Deux critères permettent de caractériser une canicule :

  • Les niveaux de température le jour et la nuit
  • La durée de l’épisode

 

Météo-France a déterminé des seuils d’alerte par région à partir de trente années de données quotidiennes de mortalité et de divers indicateurs météorologiques.

Les canicules deviendront plus fréquentes et plus intenses dans certaines régions du monde en raison du réchauffement climatique.

4 exemples de seuil de canicule par région

C’est une « plume de chaleur » qui a touché l’Europe à la mi-juin 2022

Une « plume de chaleur » correspond à une remontée d’air chaud, géographiquement étroite, pouvant ressembler à une plume ou une langue d’air chaud sur les cartes.

Les plumes de chaleur sont un phénomène météorologique très dynamique,

résultant souvent du transport d’air chaud depuis des régions éloignées vers une zone géographique spécifique, généralement du sud vers le nord.

Un dôme de chaleur se forme lorsque qu’une masse d’air très chaude s’installe

pendant plusieurs jours. Ce phénomène météorologique statique apparaît lorsque qu’un anticyclone stagne à un endroit et bloque l’air chaud situé en dessous. L’air emprisonné descend vers le bas, se réchauffant encore davantage. Le dôme de chaleur agit comme un couvercle, repoussant le vent et les perturbations extérieures, ce qui empêche la dissipation de la chaleur.

Les dômes de chaleur sont à l’origine de records de température,

comme en 2021 à Lytton, au Canada, où le thermomètre a atteint plus de 49 degrés. En Amérique du Sud, cet été (l’hiver donc dans l’hémisphère sud) a été qualifié d’infernal en raison de ces températures extrêmes. À Buenos Aires, la température a dépassé les 30 °C, alors que ce mois connaît généralement des températures oscillant entre 9 °C et 18 °C.

Ces phénomènes de chaleur extrême ont des conséquences importantes sur notre environnement et notre quotidien.

Drop it like it’s hot

Pour nous humains, les canicules ne sont pas seulement inconfortables, elles sont dangereuses et peuvent entraîner des AVC, des problèmes cardiaques, des thromboses et des problèmes respiratoires. Le coup de chaleur est le risque le plus grave, pouvant conduire au décès.

Le chaud tue et l’été 2022 a été meurtrier en Europe, avec près de

62 000 décès attribués à la chaleur.

L’Inde et le Pakistan subissent désormais régulièrement des vagues de chaleur mortelles. Et le nombre total de décès liés aux canicules dans le monde est probablement bien plus élevé que ne le montrent les chiffres officiels…

La forêt et les océans sont en surchauffe

Les sécheresses et les vagues de chaleur ont un impact direct sur l’habitat des espèces, perturbant ainsi tout le microclimat de la forêt. Les animaux doivent chercher des cachettes pour se protéger des températures élevées, et sont souvent forcés de fuir, au risque d’être victimes d’incendies dévastateurs.
Les espèces aquatiques ne sont pas épargnées non plus : les eaux se réchauffent, et nous assistons désormais régulièrement à des canicules marines.

Les sécheresses et les vagues de chaleur provoquent le brunissement des forêts européennes, entraînant une perte de vitalité et une augmentation du stress pour les écosystèmes.

Ce phénomène a touché 37 % des forêts
méditerranéennes et d’Europe centrale en 2022.
3 facteurs contribuent à l’intensification de ces phénomènes de chaleur :
3 facteurs contribuent à l’intensification de ces phénomènes de chaleur :
01.

Bien sûr, le changement climatique, causé par les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine, contribue à l’augmentation des températures moyennes mondiales. Les vagues de chaleur à venir seront encore plus intenses et plus courantes si les émissions ne sont pas réduites rapidement.

02.

En 2030, l’espace urbain devrait avoir triplé de surface par rapport à l’an 2000 et gagné 1,2M km2. Cela fait l’équivalent de 110 km2 par jour, soit à peu près la superficie de Paris de ville en plus quotidiennement !

L’expansion des zones urbaines crée des îlots de chaleur, où les températures sont bien plus élevées qu’en milieu rural.

03.

Sur la décennie 2010-2020, c’est 4,7 millions d’hectares de forêt que nous avons perdu chaque année, et la tendance, même si elle s’est ralentie, n’est pas prête de s’arrêter.

Pourtant, la déforestation réduit considérablement la capacité de la nature à réguler la température et le climat.

Donc déjà, collectivement, on lutte contre ces 3 facteurs !

Ensuite, pour se rafraichir, il vaut mieux ne pas utiliser de climatiseur. Pourquoi ?

Ensuite, pour se rafraichir, il vaut mieux ne pas utiliser de climatiseur. Pourquoi ?

La climatisation est une grande consommatrice d’énergie. En moyenne, un climatiseur actif quelques jours seulement par an consomme autant d’énergie qu’un réfrigérateur en usage quotidien sur toute une année.

Les gaz frigorigènes utilisés dans les climatiseurs sont de puissants gaz à effet de serre, avec un impact 1 300 à 3 260 fois plus élevé que le CO2. C’est d’ailleurs la principale contribution au changement climatique de la climatisation.

La climatisation crée un effet boule de neige chaude. Pour rafraîchir votre intérieur, elle rejette de l’air chaud dehors, ce qui vous pousse à refroidir davantage. En cas d’installation massive de climatiseurs à Paris, la température pourrait y augmenter de 3 degrés.

Alors comment rafraichir l’air sans faire chauffer la clim’ ? On peut :

Donner un air de forêt chez soi

Les plantes et arbres ne font pas que décorer, ils rafraîchissent l’air. Dès qu’on a un bout de terrain, on plante ! Que ce soit un coin de verdure, une haie ou une pergola ornée de vigne, tout est à bon à prendre. Même en appartement, installer des plantes contribuent à réduire la chaleur en libérant de l’humidité.

Chercher l’ombre à tout prix

On ferme tout : volets, stores, rideaux… Tout ce qui peut arrêter les rayons du soleil. Une isolation au top est aussi capitale. Pas de volets ? Les films solaires sont nos amis de l’ombre, avec des réductions d’apports solaires jusqu’à 50 %.

Cuisiner à la cool

On limite les feux de cuisson et les fours, ainsi que les électroménagers chauds bouillants qui font rapidement monter le thermostat intérieur. Un festin chaud ? Direction le jardin pour un barbecue (végétarien bien évidemment) !

Faire chauffer
le ventilo

Plus cool que la clim’, le ventilateur a un impact léger sur l’environnement. Il ne fait pas chauffer de gaz frigorigènes, consomme beaucoup moins d’électricité et ne réchauffe pas l’air extérieur. Ventil’up !

Voilà c’est fini !

Texte : Alexandre Millet
Illustrations : Julie Peron
Dernière mise à jour : août 2023

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