➡️ Équateur, Amazonie : depuis plusieurs années, les communautés autochtones Kichwa de Sarayaku luttent contre les forages pétroliers imposés sur leur territoire sans leur accord. En 2012, la Cour interaméricaine des droits de l’homme leur donne raison : l’État équatorien a violé leur droit au consentement libre, préalable et éclairé. Mais malgré cette victoire juridique, les menaces persistent, et les projets d’exploitation reprennent régulièrement.
➡️ Asie, entre 2000-2018 : 200 projets hydroélectriques ont forcé entre 900 000 et 2 millions de personnes à quitter leur foyer. Ces grands barrages, censés apporter une énergie « propre », ont déplacé des communautés entières sans toujours leur offrir de solution viable.
➡️ Monde, 2023 : 196 défenseurs de l’environnement ont été assassinés, portant à plus de 2 100 le nombre de militants tués ces vingt dernières années. Dans un cas sur quatre, ces meurtres sont directement liés à l’exploitation des ressources naturelles.
On imagine souvent que les mines et les forages sont à des milliers de kilomètres, que l’exploitation des ressources n’est pas qu’une réalité lointaine. Pourtant, la France n’échappe pas à cette dynamique : L’extractivisme s’y manifeste aussi, parfois discrètement, parfois à grand bruit.
➡️ En 2023, la France comptait près de 3 000 carrières, 123 mines et 64 gisements pétroliers et gaziers actifs.
➡️ En Guyane, il aura fallu dix ans de bras de fer entre industriels, ONG, riverains, scientifiques et élus pour enterrer, en 2024, un projet de mine d’or controversé : la « Montagne d’Or ».
➡️ En métropole, 25 demandes de permis miniers sont en cours en 2025. 12 ont déjà reçu un feu vert. Les projets concernent l’or, le tungstène, le lithium ou encore l’antimoine, des matériaux stratégiques pour la transition énergétique… Mais à quel prix ?
Un modèle global aux conséquences locales : l’extractivisme
Ce modèle repose sur un principe simple, mais implacable : une extraction massive et intensive des ressources naturelles, pour répondre à la demande globale. Il concerne aussi bien les métaux que le bois, l’eau, les terres agricoles ou les énergies fossiles — et transforme durablement les territoires qu’il convoite. Derrière la diversité des projets extractifs se cache une logique commune : celle d’un modèle économique mondialisé.
Présenté comme une étape nécessaire du développement ou de la transition énergétique, ce modèle ignore souvent les équilibres écologiques et les dynamiques locales comme sociales.
➡️ En Amazonie, des millions d’hectares de forêts sont convertis en monocultures de soja, souvent pour nourrir le bétail européen.
➡️ En Malaisie et en Indonésie, les plantations de palmiers à huile grignotent les forêts primaires à une vitesse vertigineuse.
➡️ Aux États-Unis, l’extraction de gaz de schiste provoque des séismes, contamine les nappes phréatiques et fracture les territoires.
➡️ Au Nigeria, l’exploitation pétrolière dans le delta du Niger entraîne des marées noires à répétition et un climat de violence chronique.
Quel que soit le continent, les populations locales sont rarement aux manettes… Mais presque toujours en première ligne.
Les ravages de l’extractivisme : un modèle aux conséquences multiples
L’extractivisme en 6 cas emblématiques
Dire « non », un droit encore trop fragile
En théorie, oui.
En pratique, l’extractivisme s’impose souvent par la force.
Malgré des droits reconnus internationalement, les populations locales (notamment les peuples autochtones) sont fréquemment expulsées sans consultation, ou leurs refus sont tout simplement ignorés.
📣 84 % des Français considèrent que l’absence de consentement est un problème majeur de cette industrie, selon l’étude menée par le CCFD-Terre Solidaire et Viavoice (2024).
Les peuples autochtones bénéficient du droit à l’autodétermination (= un peuple peut décider librement de son avenir, sans influence extérieure : son modèle de développement, sa culture, ses traditions, sa langue, ses institutions…), reconnu notamment dans :
- La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones
- La Convention n°169 de l’OIT (ratifiée par 24 pays)
- Le CLIP (Consentement Libre, Informé et Préalable), reconnu comme un droit fondamental
Le CLIP est un droit collectif reconnu aux peuples autochtones. Cela signifie :
- Consentement : une décision collective, qui peut être un oui, un non ou un oui sous conditions.
- Libre : sans pression, manipulation ou intimidation.
- Informé : avec des données complètes sur les impacts (sociaux, environnementaux, etc.).
- Préalable : obtenu avant toute décision.
⚠️ Ce droit n’a de valeur que s’il est ratifié par le pays concerné. En pratique, il est encore trop peu reconnu…
Néanmoins, dans les pays où il est en vigueur, aucun projet ne peut légalement avancer sans l’accord des communautés. Comme le rappelle le Pacte mondial des Nations Unies : « Poursuivre un projet sans consentement est incompatible avec le respect des droits humains. »
Et si c’était vous ?
Face à un modèle global, nos gestes peuvent sembler dérisoires. Et pourtant !