El Niño est un phénomène qui se caractérise par le réchauffement de la température de la mer. Il se concentre généralement dans le Centre-Est du Pacifique équatorial.
De quoi parle-t-on au juste ?
El Niño, aussi appelé oscillation australe ou encore ENSO (El Niño Southern Oscillation), désigne une perturbation des courants océaniques entre les pôles et l’équateur. S’il renvoie à un phénomène météorologique naturel, il s’inscrit toutefois dans le contexte d’un climat perturbé par les activités humaines.
Fun fact :
Ce phénomène saisonnier atteint son apogée vers Noël, d’où son nom qui fait référence à l’enfant Jésus en espagnol.
La Niña
VS el Niño
Pour bien saisir le phénomène d’el Niño, il faut d’abord comprendre ce qu’il se passe en temps normal au large des côtes du Pacifique : la Niña.
Les vents soufflent d’est en ouest, et poussent les eaux chaudes de surface vers l’Asie et l’Australie. Cela permet donc aux courants d’eau froide de remonter à la surface le long des côtes du Chili, Pérou et Équateur.
Lorsque les conditions climatiques sont favorables au phénomène d’el Niño, la circulation des vents s’inverse : les vents d’est en ouest perdent en intensité, permettant aux eaux chaudes de s’étendre.
Les événements d’el Niño apparaissent de manière irrégulière, environ tous les
2 à 7 ans
et ces épisodes durent généralement de 9 à 12 mois.
On déclare un épisode d’el Niño lorsque les températures de l’océan Pacifique augmentent de
0,5°C
par rapport à la moyenne.
Un vent à prendre à la légère ?
El Niño met en lumière la manière dont les courants de l’océan Pacifique influencent les températures de l’océan, de la terre et, a fortiori, celles du climat à l’échelle planétaire.
Pourquoi faut-il s’y intéresser de près ?
Parce que ce phénomène naturel est loin d’être anodin, particulièrement dans un contexte de dérèglement climatique où les catastrophes météorologiques s’enchaînent d’année en année.
En raison d’un épisode el Niño très puissant et d’un réchauffement dû aux gaz à effet de serre, 2016 est considérée comme l’année la plus chaude jamais enregistrée. Les conséquences ont été nombreuses : des inondations au Pérou, de graves sécheresses survenues dans le Nordeste brésilien et dans la Corne de l’Afrique, et enfin de la prolifération du virus Zika en Amérique du Sud.
En juillet 2023, l’Organisation Météorologique Mondiale annonce que le phénomène el Niño s’est installé dans le Pacifique tropical.
À quoi faut-il s’attendre ?
Alerte aux prévisions… imprévisibles !
Si les scientifiques sont capables de mesurer et prédire l’arrivée des épisodes el Niño/la Niña, il est plus difficile d’anticiper leur intensité et les impacts engendrés.
Puisqu’ils influent sur la probabilité que certains évènements se produisent ou non, leurs conséquences ne sont jamais exactement les mêmes.
Par exemple, el Niño détourne les cyclones tropicaux de leur trajectoire habituelle et déplace les zones de précipitations et de sécheresse.
Too hot to handle ?
Le Pacifique tropical représente un quart de la surface de la planète. Alors quand sa température augmente de quelques degrés, la température moyenne de la Terre grimpe aussi !
De fait, face au combo « el Niño + réchauffement climatique », nous devons nous préparer à des records de températures et à des vagues de chaleur extrême dans de nombreuses régions du monde et dans les océans.
Selon le dernier rapport
du Met Office, il y a
66 %
de chance que la température annuelle mondiale dépasse les 1,5°C pendant au moins une année entre 2023 et 2027.
Comme un ouragaaan…
Le réchauffement des eaux accroît la température de l’atmosphère, qui contient donc plus d’humidité.
Résultat ? De fortes précipitations, voire dans certains cas des inondations.
Cela favorise également la formation d’ouragans dans le Centre et l’Est du Pacifique.
Et pour en savoir plus sur comment El Niño se charge de la pluie et le beau temps, c’est par ici.
Gare aux sécheresses !
Le déplacement des pluies intenses vers l’Est causera d’importantes sécheresses en Indonésie, au nord de l’Australie et dans le sud des Philippines, ce qui impactera notamment les récoltes de riz.
L’écosystème marin en péril
Les changements dans la circulation océanique empêchent la remontée des eaux profondes et affectent l’écosystème marin dans l’ensemble du Pacifique.
Alors que les stocks marins riches en nutriments sont épuisés en raison du manque de phytoplancton, les températures plus fraîches de l’océan conduisent aussi certaines espèces, comme le thon, à s’installer dans des zones qu’elles auraient normalement évitées.
Face à un phénomène climatique naturel et dont l’ampleur nous dépasse, il semble difficile de savoir quoi faire pour inverser la tendance…
Pourtant c’est possible d’en limiter l’impact, ensemble !
Voici un tour d’horizon d’actions qui feront la différence.
On exige des gouvernements la mise en place de systèmes d’anticipation et d’alerte face aux risques climatiques.
Alerter les gouvernements
L’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) insiste sur l’importance de mettre en place des systèmes d’alertes précoces pour limiter les effets d’el Niño sur notre santé, nos écosystèmes, et nos économies.
Et concrètement ?
On se tourne vers une méthode ancestrale : la pétition !
D’autant plus lorsqu’elle est appuyée par une communication sur les réseaux sociaux et des associations engagées pour la sécurité alimentaire et sanitaire : Greenpeace, Oxfam, Solidarités International, Amnesty ou encore Action contre la Faim.
On se tient informé sur l’évolution du phénomène et on applique les recommandations.
Suivre les bulletins météorologiques
Dans les mois qui viennent, les spécialistes de la prévision climatique produiront régulièrement des interprétations plus détaillées des variations à l’échelle régionale. La diffusion sera assurée par les Services Météorologiques et Hydrologiques Nationaux (SMHN), sous l’égide de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM).
On limite son impact environnemental pour éviter de renforcer
les effets combinés du réchauffement climatique et d’el Niño.
Petit guide pratique
Finalement…
Si les causes du phénomène d’el Niño sont indépendantes des activités anthropiques, ces dernières accroissent l’ampleur de ses conséquences ainsi que leur régularité.
Résultat ? Une terre qui se réchauffe chaque année, davantage de sécheresses et de catastrophes météorologiques.
Voilà c’est fini !
Texte : Sarah Morinot
Illustration : Benoit Dupré
Dernière mise à jour : Septembre 2023