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des 36 000 communes françaises sont exposées à au moins un risque naturel.
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sont aujourd’hui potentiellement exposés aux inondations, principal risque majeur national au titre du nombre de communes concernées et du coût économique des catastrophes.
6 600
C’est le nombre moyen de communes qui font l’objet chaque année d’une reconnaissance d’état de catastrophe naturelle.
L’état de catastrophe naturelle est une garantie mise en place par l’État depuis 1982 afin d’indemniser les victimes d’événements naturels rares (sécheresse, orage violent, inondation, coulée de boue, avalanche, séisme…).
C’est le montant estimé par les assureurs pour les désastres naturels qui se sont produits en France en 2022. Cette année-là a été la pire depuis 1999, avec son lot de grêles, tempêtes, inondations, sécheresses et incendies.
Commençons par
le début : c’est quoi
un « évènement naturel
très grave » au juste ?
Un « évènement
naturel très
grave » ?
Un événement naturel est considéré comme très grave quand il occasionne entre 10 et 99 morts, ou entre 30 et 300 millions d’euros de dommages matériels.
En moyenne chaque année entre 2001 et 2021, quatre événements naturels très graves se sont produits en France, contre un seulement entre 1950 et 2000.
Évolution des événements naturels très graves survenus entre 1950 et 2022 en France
En nombre d’événements
Note : événements ayant fait plus de 10 morts ou plus de 30 M€ courants de dommages matériels.
Champ : France.
Source : Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires, 2022
de la population métropolitaine exposée à un risque d’inondation n’en n’a pas conscience. Le sentiment d’exposition aux risques naturels est plus marqué en outre-mer et, plus généralement, dans les territoires ayant déjà été confrontés à des catastrophes.
C’est parti pour
le top 5 : à quels risques sommes-nous le plus exposés en France ?
N°5
Les séismes
Le réseau sismologique et géodésique français (Résif-Epos) enregistre plus de 4 000 séismes chaque année en France métropolitaine, dont en moyenne une trentaine sont ressentis par la population. D’ailleurs, vous pouvez retrouver tous les séismes en quasi temps réel ici : https://renass.unistra.fr/fr/zones/france/
N°4
Les incendies
de CO2 : soit autant que les émissions annuelles de carbone de la France et de l’Allemagne combinée, ont été rejetées en juin-juillet 2023 par les feux de forêts au Canada d’après le programme spatial européen Copernicus. Le Canada et plus généralement les hautes latitudes se réchauffent plus vite que le reste de la planète : c’est ce que l’on appelle l’amplification arctique, liée à la diminution des glaces de mer. Pour en savoir plus sur Copernicus et ce que les observations satellites révèlent de nos forêts, relisez notre infographie réalisée en partenariat avec le CNES : https://corporate.cnes.fr/qqf-satellites-revelent-nos-forets/
N°3
Les tempêtes, ouragans, cyclones
Les ouragans, les cyclones et les typhons relèvent du même phénomène météorologique, mais les noms diffèrent en fonction de l’origine géographique. On parle de « cyclone », dans l’océan Pacifique sud-ouest et nord et l’océan Indien sud-ouest, d’« ouragan » dans l’océan Atlantique nord et l’océan Pacifique nord-est et sud-ouest (de Hunraken, dieu maya de la tempête, qui a donné huracàn en espagnol et hurricane en anglais), et « typhon » dans l’océan Pacifique nord-ouest (du chinois t’ai fung, « grand vent »).
N°2
Les mouvements
de terrains
Soit 10 % des communes du pays ont été reconnues en état de catastrophe naturelle pour les dommages causés par le phénomène de retrait-gonflement d’argiles suite à la sécheresse de l’été dernier. Il est absolument exceptionnel qu’un nombre si important de communes soit, en une fois, reconnu en état de catastrophe naturelle.
N°1
Les inondations
La Seine atteindra un pic de 6,10 mètres, le plus haut depuis 1982. Dans des villes telles que Paris, Orléans, Blois et Trappes, les cumuls de pluie pour le mois de mai battent des records historiques. Météo France qualifie cet événement de « centennal ». Les inondations de mai et juin 2016 deviennent la deuxième catastrophe naturelle la plus coûteuse après la tempête Xynthia.
Une crue centennale a une probabilité sur cent de se produire chaque année, et peut arriver plusieurs années de suite…
Bien que ces phénomènes soient parfois imprévisibles et souvent inévitables, on peut entreprendre certaines actions à notre échelle pour limiter les dégâts potentiels.
- Sur le site Géorisques, mis en place par le Ministère de la Transition Ecologique, on rentre son adresse pour connaître les risques naturels présents auxquels on est exposé.
- Auprès de la municipalité, on obtient le dossier d’information communal sur les risques majeurs (DICRIM), qui établit les risques encourus dans la commune et précise les consignes de sécurité et mesures de sauvegarde.
- Si on achète un bien situé dans une zone à risque, le bailleur ou le vendeur a l’obligation de le préciser au titre de L’information des acquéreurs et des locataires (IAL) mise en place par la loi du 30 juillet 2003.
De nombreux sites sont surveillés en permanence afin d’anticiper les phénomènes dangereux. C’est par exemple le cas du volcan du Piton de la Fournaise à La Réunion, l’un des plus actifs au monde.
Une carte de vigilance météo est accessible en permanence sur Internet et actualisée deux fois par jour. Elle a été créée en 2001, suite aux violentes tempêtes Lothar et Martin, afin d’informer les citoyens et les pouvoirs publics de l’arrivée de phénomènes météorologiques ou hydrologiques majeurs (vent violent, pluie, inondation, orages, canicule, grand froid…).
Depuis, d’autres carte de vigilance ont été fondées sur le même principe, notamment pour les crues et les incendies.
Difficile à mettre en place à l’échelle individuelle mais bon à savoir : l’outil phare de maîtrise de l’urbanisation en zone à risques est le Plan de Prévention des Risques. Il réglemente l’utilisation des sols à l’échelle communale, en fonction des risques auxquels ils sont soumis. Cette réglementation va de l’interdiction de construire à la possibilité de construire sous certaines conditions, en passant par l’imposition d’aménagements sur les constructions existantes.
La maîtrise de l’urbanisation est l’outil le plus efficace pour limiter les dommages liés à un risque car elle vise à limiter au maximum l’urbanisation dans les zones soumises à un aléa.
les risques
Pour réduire les risques, les collectivités mettent en place des programmes d’actions. Mais on peut aussi agir à son échelle pour limiter les dégâts :
- Débroussailler autour de chez soi si l’on est près d’une forêt pour limiter l’avancée d’un incendie.
- Réaliser des travaux de renforcement parasismique.
- Poser des cloisons amovibles équipées de joints étanches devant ses portes et fenêtres pour protéger l’intérieur d’une maison en cas d’inondation.
- Réaliser une étude géotechnique avant de construire si on s’installe dans une zone soumise au retrait-gonflement d’argile.
En attendant l’arrivée des secours, il est important que chacun puisse protéger ses proches et ses affaires.
Pour être prêt en cas d’urgence, on peut télécharger et préparer un « plan familial de mise en sûreté (PFMS) ». Il regroupe tous les conseils de sécurité à avoir en tête et il est à remplir et à personnaliser en fonction des risques naturels auxquels son foyer est exposé.
En prenant ces mesures à l’avance, on a plus de chance de garder sa famille en sécurité jusqu’à ce que le danger passe, et on contribue aussi à soulager les secours qui seront mieux à même de répondre aux urgences, donc de sauver d’autres vies.
Qui contacter en cas d’urgence :
- Le 112 : le numéro d’appel d’urgence européen si l’on est témoin ou victime d’un accident.
- Le 15 : le Samu pour obtenir l’intervention d’une équipe médicale lors d’une situation de détresse vitale.
- Le 17 : la police secours pour signaler une infraction qui nécessite l’intervention immédiate de la police.
- Le 18 : les sapeurs-pompiers pour signaler une situation de péril ou un accident concernant des biens ou des personnes et obtenir une intervention rapide.
- Le 114 : le numéro d’urgence pour les personnes sourdes et malentendantes, accessible par sms et par fax.
Posséder un kit d’urgence peut être utile si l’on se situe dans une zone à risque.
Dans ce cas, il faut veiller à le placer dans un endroit accessible de son logement, connu par les membres du foyer, vérifié plusieurs fois par an. Voici une liste non exhaustive du contenu :
- Sifflet
- Torche clignotante
- Gilets fluorescents
- Bouteilles d’eau
- Aliments énergétiques et non périssables
- Trousse premiers secours
- Photocopie des papiers administratifs
- Double des clefs de sa voiture et de son logement
- Radio à piles
- Bougies et allumettes ou briquet
- Vêtements chauds
- Trousse de toilette et papier toilette
d’inondation :
- On ferme les portes, fenêtres, soupiraux, aérations
- On coupe le gaz et l’électricité
- On monte dans les étages
- On écoute la radio et on respecte les consignes des autorités
Attention :
- On ne sort pas de chez soi, on pourrait être englouti par une bouche d’égout, heurté par de gros éléments, etc.
- On ne va pas chercher ses enfants à l’école, ils y sont protégés par le plan particulier de mise en sûreté (PPMS) de leur établissement
- On ne se rend pas dans un parking ou un sous-sol
- On ne prend pas sa voiture : même avec 30 cm d’eau, elle peut être emportée par le courant
- On ne téléphone pas inutilement pour ne pas saturer les lignes pour les secours
- Dès les premiers signes, on évacue les bâtiments et on n’y retourne pas
- On ne prend pas l’ascenseur
- On s’éloigne de la zone dangereuse
- On rejoint le lieu de regroupement
- On respecte les consignes des autorités
d’incendie :
Si l’incendie approche :
- On dégage les voies d’accès et d’évacuation
- On arrose les abords
- On ferme les vannes de gaz et les produits inflammables
Si l’incendie est à la porte :
- On rentre rapidement dans le bâtiment le plus proche
- On ferme les volets, les portes, les fenêtres
- On calfeutre avec du linge mouillé
- On constitue un kit d’urgence (eau, nourriture, médicaments, lampe de poche poste radio à piles, etc.)
- On regroupe les membres de sa famille dans un lieu sûr, on informe des proches du lieu et on n’en change pas
- On retire ou arrime tout objet pouvant se transformer en projectile
- On ferme toutes les issues de son logement et on s’éloigne des fenêtres et baies vitrées
- On coupe le courant électrique
Pendant :
- En intérieur, on s’abrite sous un meuble solide
- En extérieur, on s’éloigne des bâtiments, pylônes, arbres, etc.
- Si on se trouve en voiture, on y reste abrité
Après :
- On ferme le gaz et l’électricité
- On évacue les bâtiments et on n’y retourne pas
- On ne prend pas l’ascenseur
- On ne touche pas aux fils électriques tombés à terre
- On écoute la radio
- On respecte les consignes des autorités
on répare
Suite aux fortes inondations dans la vallée du Rhône et de la Saône dans les années 1980, la loi de 1982 établit le « régime CatNat » pour indemniser les catastrophes naturelles. Les assureurs doivent dédommager les dommages matériels directs non assurables, sous deux conditions : reconnaissance officielle de l’état de catastrophe naturelle et couverture des biens par un contrat d’assurance dommages (multirisques habitation, automobile).
Financé par une surprime de 12% sur les contrats d’assurance dommages, ce système repose sur la solidarité nationale. Cependant, l’augmentation des événements climatiques extrêmes met en péril sa viabilité : selon un rapport sénatorial de 2019, les sinistres pourraient augmenter de 50% d’ici 2050, conduisant potentiellement à une augmentation de la surprime à 18%. Une réforme est en discussion au Parlement.
“Voilà c’est fini !
Texte : Camille Cazanave
Illustrations : Anna Waldberg et Zahra Ayyadi
Dernière mise à jour : Décembre 2023