L’objectif :
Une production alimentaire suffisante, bonne pour notre santé, accessible à tous, rémunératrice pour les producteurs et à l’impact le plus limité possible sur l’environnement.
C’est faisable en mettant les bouchées doubles !
Héritage de l’après-guerre, notre alimentation porte encore la marque de la transition alimentaire entamée au XXème siècle.
Nos assiettes, synonymes d’abondance et bon marché, voient la part de produits transformés, voire ultra transformés, augmenter.
Pour changer nos menus, il a fallu repenser l’ensemble de la chaîne de production alimentaire, avec un objectif principal : produire rapidement et en grande quantité.
Une politique qui a fait de la France le premier producteur agricole d’Europe !
Seulement, aujourd’hui, notre système alimentaire atteint ses limites et les conséquences environnementales s’accumulent…
Premier problème :
les émissions de gaz à effet de serre.
À l’aune de nos objectifs de neutralité carbone, une transition alimentaire est impérative.
Mettons les pieds dans le plat, on a plus l’habitude de parler du nombre des calories de nos repas que de leur impact environnemental. Et en France, l’empreinte carbone de notre alimentation s’élève à 2,1 tonnes eqCO₂ par an et par personne. Pas génial quand on sait que l’Accord de Paris fixe un objectif de 2 tonnes par personne pour l’ensemble des postes d’émissions !
Mais d’où provient
tout ce carbone au juste ?
Observons ces émissions
d’un peu plus près.
2 tiers
des émissions de l’alimentation concernent uniquement l’étape de production agricole !
Et ce pour plusieurs raisons. D’abord, le régime alimentaire des bovins nécessite de grandes quantités de céréales qu’il faut produire massivement. Ensuite, la fabrication et l’utilisation des engrais azotés employés pour produire ces céréales génèrent du protoxyde d’azote. Pas de quoi rire, puisqu’il s’agit d’un gaz à effet de serre 300 fois plus réchauffant que le CO₂ ! Enfin, le méthane émis lors la digestion des ruminants est un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO₂.
S’ils composent moins de la moitié de notre régime alimentaire, ils représentent 61% de l’empreinte carbone de notre alimentation (viande rouge, viande blanche, produits laitiers, œufs, poissons…).
L’alimentation des ménages français, génère un trafic de
201 Md T (d’aliments)
par km chaque année.
Nota Bene : il s’agit de l’unité de mesure correspondant au transport d’une tonne sur une distance d’un kilomètre.
Le transport représente
19 %
de l’empreinte carbone de notre alimentation, dont la majorité est générée par transport routier de nos produits (83 % des émissions liées au transport).
Si la production agricole et le transport ont des impacts importants en termes de gaz à effet de serre, la part résidentielle du secteur tertiaire est loin d’être négligeable.
Elle représente
9 %
de l’empreinte carbone totale de l’alimentation.
2ème problème :
la pollution de l’air, de l’eau et des sols.
Manger plus signifie produire plus, mais pour cela, le système agricole moderne a dû se tourner vers les intrants.
Seulement voilà, l’utilisation parfois excessive de ces produits n’est pas sans conséquences …
Les produits phytopharmaceutiques
(les fameux pesticides) protègent les cultures, mais contribuent aussi fortement à la pollution chimique.
Celle-ci représente le
3ème
facteur d’érosion de la biodiversité à l’échelle mondiale.
Et la France n’est pas en reste, puisqu’elle est l’un des plus grands consommateurs en Europe !
Ces fertilisants azotés, en plus des effluents d’élevage, causent près de
94 %
des émissions d’ammoniac.
Ces dernières participent notamment à la formation des fameuses particules fines !
L’arroseur arrosé ?
À vouloir toujours plus, la Terre finira par nous donner moins …
Si les rendements sont globalement stables aujourd’hui, l’usage répété d’intrants agricoles, combiné à d’autres émissions, conduit malgré tout à l’appauvrissement des sols et affaiblit la capacité de certaines cultures à produire des aliments de qualité.
Ce phénomène touche les cultures les plus sensibles, par exemple celle du blé tendre.
3ème problème :
L’abondance dans nos assiettes, on la doit souvent au détriment des écosystèmes naturels : dégradation des espaces pour agrandir des parcelles, biodiversité mise à mal…
Aujourd’hui, l’expansion agricole est responsable de près de
90 %
de la déforestation dans le monde.
En France, l’agriculture occupe
51 %
du territoire, et elle est majoritairement destinée à des productions alimentaires.
À y regarder de plus près cependant, certains types d’aliment sont plus gourmands en espaces que d’autres !
Allons voir du côté de l’empreinte sol.
Sous l’effet conjoint de la politique de remembrement des terres, qui consiste à regrouper les parcelles pour former des champs plus grands et accessibles aux tracteurs, et de la mécanisation de l’agriculture, les haies ont progressivement disparu du paysage agricole.
La perte est estimée à
23 000 km de haies par an.
Pourquoi les préserver ?
À la fois réservoirs de biodiversité et remparts contre l’érosion des sols, les haies enrichissent les sols, ce qui les rend utiles au bon fonctionnement des écosystèmes.
Et concrètement, ça donne quoi ?
- Certaines méthodes de l’agriculture intensive détériorent la qualité des sols.
- Les outils agricoles perturbent l’écosystème souterrain, notamment les bactéries et champignons, qui sont pourtant essentiels au bon développement des cultures.
- Parce qu’elle est manipulée à outrance, la terre s’assèche plus vite et retient moins molins efficacement l’humidité.
À toutes ces problématiques s’ajoute celle
du gaspillage alimentaire.
Attention, la poubelle déborde !
En 2020, le gaspillage alimentaire est estimé à
8,7 millions
de tonnes en France.
Et les ménages sont majoritairement à la source de ce gaspillage, puisqu’ils sont responsables de
46 %
du gaspillage alimentaire total.
Pour ce qui est des emballages plastiques, le bilan n’est pas bien meilleur …
Les Français en jettent chaque année
1,2 millions de tonnes.
On doit se rendre
à l’évidence : nos habitudes alimentaires mettent en danger notre planète … et ont aussi des répercussions sur
notre santé !
Depuis les années 80, la qualité de notre nutrition est en berne… Les gondoles de nos supermarchés affluent de produits ultra-transformés, riches en mauvais gras, en sel et en sucres.
Depuis les années 80, la qualité de notre nutrition est en berne… Les gondoles de nos supermarchés affluent de produits ultra-transformés, riches en mauvais gras, en sel et en sucres.
Le constat est alarmant, mais heureusement, il existe des solutions pour bien se nourrir et préserver la planète et notre santé.
Décortiquons ensemble les changements qui peuvent faire évoluer notre assiette, au profit d’un système alimentaire plus durable et plus sain, pour la planète et notre santé.
1. On végétalise nos menus
On sait, les légumes verts de la cantine nous rappellent à tous de mauvais souvenirs… Pour autant, verdir son assiette se présente comme le premier levier d’action pour limiter l’impact environnemental de son alimentation.
Les fruits, légumes, céréales, et légumineuses offrent une panoplie de saveurs et de nutriments essentiels, avec un impact environnemental limité.
Concrètement, à quoi ressemble l’assiette idéale ?
Concrètement, à quoi ressemble l’assiette idéale ?
2. On adapte nos modes d’approvisionnement
au profit du local.
En favorisant les produits cultivés à proximité, on contribue à réduire le transport des aliments. Et avec le soutien de du développement de filières agricoles locales, on renforce au passage les liens entre consommateurs et agriculteurs.
Où retrouver la richesse
des producteurs français ?
Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, en partenariat avec les Chambres d’agriculture, met à disposition en accès libre et gratuit une plateforme pour identifier facilement les producteurs locaux et les points de vente proche de chez nous.
Certaines fermes proposent même de cueillir les fruits et légumes directement sur place. Du champ à l’assiette, il n’y a qu’un pas !
3. On privilégie les produits de saison.
Dans le cas de certains aliments produits localement mais « hors saison », donc sous serre chauffée, la consommation d’énergie et les rejets de gaz à effet de serre sont importants.
Et de toute façon, les fruits et légumes de saison sont :
- adaptés à nos besoins nutritionnels
- généralement moins chers
- et bien plus savoureux !
En moyenne, une « tomate hors saison » consommée par un français a un impact sur le changement climatique
presque 6 fois
plus important que celui d’une tomate consommée « en saison » !
Au fil des 4 saisons
Pas si facile de s’y retrouver parmi la saisonnalité des fruits et légumes. Heureusement, il est possible de télécharger gratuitement le calendrier des produits de saison.
Pratique pour l’accrocher dans sa cuisine !
Le système agroécologique repose sur une gestion agricole durable, ce qui participe à la transition alimentaire en mettant sur le marché des produits obtenus grâce à des pratiques ayant moins d’impact sur l’environnement (moins d’engrais et de pesticides de synthèse, préservation ou plantation de haies …).
En privilégiant des agriculteurs aux pratiques vertueuses (sans pesticides, diversification des cultures, élevage à l’herbe, etc.), on choisit un approvisionnement alimentaire à impact réduit sur les écosystèmes. Malheureusement, la part des produits bio dans les courses des Français recule : on enregistre une baisse de 6,4 % en 2021 à 6 % en 2022.
Gage de fiabilité et de conformité, se fier au label Agriculture biologique français et européen est une manière de s’assurer de la bonne qualité des produits.
Faisons le point ensemble !
5. On se lance dans le challenge
du zéro gaspi’ et zéro déchet.
Choisir des produits bruts permet de limiter ses déchets alimentaires et d’amoindrir l’impact environnemental lié à la production des emballages ainsi qu’à leur gestion, une fois devenus déchets.
Pas de chichis, pas de gaspi !
L’assiette idéale concerne le choix des aliments, bien sûr, mais aussi sa capacité à produire moins de déchets, qu’il s’agisse d’emballages ou de restes alimentaires.
- On se constitue des assiettes délicieuses à partir de restes ou on s’essaie à des recettes 0 déchet !
- On pense aux produits non suremballés, dans un emballage recyclable voire en consigne, et on n’oublie pas le vrac !
D’ailleurs, les produits bios tels que légumes frais, céréales ou noix en vrac sont
4 à 22 %
moins chers que les produits préemballés !
6. On se tourne vers une alimentation constituée de produits aux meilleures valeurs nutritives possibles.
l’outil qui décortique nos étiquettes !
Le Nutri-Score, vous l’avez forcément remarqué dans les rayons de nos supermarchés : c’est ce petit logo apposé sur les emballages qui note les produits.
Bien pratique pour identifier les produits de meilleure qualité nutritionnelle, il prend en compte 2 facteurs dans son calcul :
- les nutriments à favoriser (fibres, protéines, fruits, légumes, légumineuses, etc)
- ceux à limiter (acides gras saturés, sucres, sel).
Attention tout de même, il ne prend pas en compte tous les aspects de la qualité nutritionnelle d’un aliment :
- la teneur en vitamines ou minéraux
- la qualité des ingrédients
- la présence éventuelle d’additifs et de pesticides
- la transformation, voire l’ultra-transformation des produits !
Règle d’or : on utilise son bon sens et on regarde la liste des ingrédients. Plus elle est courte, mieux c’est ! En résumé, on se sert du nutri-score pour :
- comparer les produits d’un même rayon
- comparer un même produit de différentes marques
- comparer des produits qui se consomment à la même occasion (que choisir pour mon petit-déjeuner ?)
Finalement…
Le bilan reste mitigé : la consommation d’aliments bio a baissé en 2022, et concernant l’évolution des régimes, la consommation de viande n’a a priori pas diminué, voire légèrement augmenté ces dernières années.
En parallèle, l’usage des pesticides et engrais de synthèse ne diminue pas et les maladies causées en partie par une alimentation déséquilibrée et de mauvaise qualité continuent à progresser !
Pour des raisons climatiques et sanitaires, notre alimentation doit évoluer.
Alors préparons ensemble le menu du futur !
Voilà, c’est fini !
Texte : Sarah Morinot
Illustrations : Rafaelle Fillastre
Dernière mise à jour : Février 2024